Chaque année, la Fondation attribue un prix à un lauréat du concours Filme ton Quartier. Parmi les 10 lauréats de cette septième édition, l’équipe de la Fondation a souhaité récompenser le film de Marc Moreno, intitulé Plan B : une tentative de film. C’est notamment pour la pertinence et la richesse du texte, ainsi que pour la mise en scène originale qu’il a été choisi.

Interview de notre lauréat, Marc MORENO
Peux-tu te présenter ? (Parcours, passions, lien avec le cinéma)
Je m’appelle Marc Moreno, j’ai 30 ans et je travaille aujourd’hui à la BNF au département Son Vidéo Multimédia. Avant cela, j’ai fait des études de cinéma et j’ai travaillé dans la production cinéma et audiovisuelle et notamment beaucoup dans les documentaires, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’en faire. L’image, le cinéma et l’univers des films de manière générale, me passionnent depuis toujours, aussi bien les films conventionnels que tout ce qui est plus expérimental. Sinon, j’aime aussi beaucoup la littérature et les jeux vidéo.
Est-ce la première fois que tu participes à un concours comme Filme ton Quartier ?
Oui, tout à fait. Je crois que je suis tombé sur l’information dans une newsletter de la SCAM. J’ai été très surpris de voir que c’était un concours authentique, ouvert à tout le monde. J’ai regardé les films des éditions précédentes et certains étaient vraiment très réussis, d’autant plus que souvent, ce genre de films aux formes peu conventionnelles ne sont pas mis en avant dans beaucoup d’espaces de concours. Cela m’a donné envie de réfléchir à comment je pouvais participer moi aussi, même s’il me restait deux semaines pour réaliser mon film.
Quelles ont été tes inspirations pour Plan B : une tentative de film ?
Dès le début, j’ai trouvé le thème de Plan B très intéressant pour un film documentaire. Par contre, la description qui en était donnée me parlait moins et ne collait pas tout à fait à l’idée que j’avais du « Plan B ». J’ai décidé que mon film parlerait du concept lui-même, qu’il allait être lui-même un plan B. Pour cela, j’ai tout d’abord voulu utiliser uniquement des images fabriquées ou récupérées sur internet. J’aimais beaucoup l’esthétique apportée par les images en vue aérienne de mon quartier par Google Earth. J’ai finalement ajouté par-dessus des images tournées avec une sorte de caméra mini VHS achetée en brocante l’an dernier. Comme je ne voulais pas faire de prise de son, j’ai utilisé des notes vocales de mes amis, et le reste des sons du film sont des sons libres de droits trouvés sur internet.
Quel est l’objectif du film ? Et quel message as-tu voulu faire passer ?
Mon objectif, si j’en avais un, c’était de réussir à finir le film à temps et en entier en respectant les contraintes du concours. Je n’ai pas vraiment pensé mon film avec un objectif précis en tête et finalement, il est beaucoup fait des mots des autres. Mais avec ce film, j’ai montré qu’en se laissant aller, on peut faire un film très chouette et cohérent. Et s’il y a un message à tirer du film et de toutes les conversations que j’ai pu avoir autour du plan B, c’est qu’il n’y a pas tant de plan A ni de plan B, mais qu’il vaut peut-être mieux vivre sa vie, plutôt que de penser à des milliers de plans de carrière très précis et spécifiques puisqu’on court juste à être horriblement triste et déçu si on ne les atteint pas !
Qu’est-ce qu’un court-métrage réussi, selon toi ?
De mon expérience de ce film-là, je dirais qu’un court métrage réussi, c’est un film qu’on a pris du plaisir à faire et dont on est content du résultat final. Réussir à faire quelque chose qui se tient, qui nous parle, c’est déjà incroyable. Si on atteint cela, je pense qu’on a déjà réussi quelque chose de sacrément difficile. Ensuite, le fait que le film plaise aux autres, je dirais que c’est presque secondaire. D’ailleurs, je ne pense pas que cela puisse plaire à quiconque si on n’est pas satisfait de soi-même.
Des idées de prochaines de films à réaliser avec ta nouvelle caméra ?
Oui évidemment, la caméra offerte par la Fondation rend possible l’idée de réaliser d’autres films ! Une des choses que j’aimerais réaliser est un film sur mon père, qui est travailleur social dans sa petite ville d’Auvergne. Avec son association, il rencontre des jeunes qui sont en difficulté et les met en contact avec les bons endroits afin qu’ils soient accompagnés et aidés, dans un retour à la scolarité par exemple. En plus, c’est aussi un peu un plan B pour lui, puisqu’il se consacre à cette activité depuis deux ans, en attendant d’être à la retraite. Maintenant que j’ai du matériel, je pense que c’est une belle opportunité de pouvoir mettre en valeur le travail social, et les personnes qui y participent.
Finalement, cette « tentative de film », on peut dire que c’était une belle réussite ?
Si cette tentative de film a été récompensée par le prix de la Fondation, j’imagine que oui ! Aussi surpris que je le sois encore, c’est une tentative plutôt réussie et j’en suis très heureux.